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Le Midi socialiste, 15 mars 1939

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Le Midi socialiste
15 mars 1939


Extrait du journal

L’état du Pays l’état du Parti par Léon BLLIM JE viens de rentrer à Paris, après une tournée de trois jours en Charente et en Charente-Inférieure — ou plutôt en Charente-Maritime, puisque ce beau département a pris de lui-même la décision de changer son nom qui ne lui plaît plus. Dans un court article, envoyé de Rochefort, j’ai déjà signalé une singularité assez nouvelle et, je le crains, assez significative. Je voudrais noter aujourd’hui des im pressions plus satisfaisantes. A Rochefort, la réunion était un meeting de pure propa gande socialiste, sans nul caractère électoral, et c’est en cela d’ailleurs que la présence d’un contradicteur radical y parais sait si étrange. A Marennes et à Angoulême, c’était autre chose : j’allais, en même temps que mes amis André Février et Roger Lefèvre, soutenir les candidats du Parti à ces deux sièges législatifs, vacants depuis les dernières élections séna toriales. Mais partout j’ai rencontré la même affluence, la même ardeur confiante, le même enthousiasme. A Rochefort et à Angoulême, nos réunions ont attiré des milliers et des milliers d’auditeurs dans les salles, sur les places, dans les rues ; elles ont vraiment mobilisé la ville entière. A Marennes, le spectacle était peut-être encore plus frappant. La réunion annoncée pour le soir, avait été contremandée pour cause d’ « Exercice de défense passive ». Nos camarades ont dé cidé au dernier moment de la donner dans l’après-midi, à quatre heures et demie. Elle a réuni plus de deux mille per sonnes dans un petit chef-lieu de cinq à six mille habitants. Je ne veux pas hasarder de pronostic sur les résultats définitifs ; je m’y risquerai d’autant moins qu'ils dépendront dans une large mesure de la façon dont la discipline du Rassemblement populaire sera respectée au second tour de scrutin, et une suite de précédents déjà longue impose une grande réserve à cet égard. Mais ce que je puis affirmer sans la plus légère crainte d’erreur, c’est que dans les deux cir conscriptions de Marennes et d’Angoulême, nos chiffres élec toraux de 1936 seront largement dépassés. Nos camarades sont pleins d’énergie et de confiance. Les milliers de femmes et d’hommes qui se pressaient dans nos réunions n’étaient pas des badauds ou des curieux, venus pour vérifier si je res semble davantage à mes photographies ou à mes carica tures. Non pas ; c’étaient des auditeurs attentifs, scrupuleux, sympathiques. Dans les deux circonscriptions la qualité du public et celle de nos candidats étaient également remar quables. Notre ami Bedin, que j’ai retrouvé à Angoulême et qui arrivait d’Aubusson, où se livre la même bataille, en rap portait la même impression. Je crois qu’on peut tenir pour acquis ces deux faits essen tiels : primo, les masses populaires, les masses républicaines, conservent un profond sentiment d’attachement et de grati tude à l’œuvre du gouvernement socialiste de Front popu laire ; secundo, elles n’acceptent et n’admettent à aucun degré la situation politique actuelle, c’est-à-dire la constitution de la t majorité nouvelle » autour d’un gouvernement radical. On constate une fois de plus un phénomène qui n est pas nouveau dans notre pays, mais auquel il convient d’attacher toujours autant d’importance : le Parlement et le pays, Paris et la province, ne sont nullement à l’unisson. Le Rassemble ment populaire, démembré à la Chambre, est toujours vivant et vivace dans le pays. Au Parlement la vie politique est anémiée, raréfiée — et cela, je le dis en passant, de par la volonté ou de par la faute du gouvernement, car c’est lui qui tient le pupitre du chef d’orchestre ; c’est lui qui doit donner le mouvement, marquer le rythme, et toutes les réformes techniques ou méthodiques dont on parle et que moi aussi je souhaite, ne pourront cependant suppléer à son impulsion. Mais dans le pays la vie politique reste active, énergique et ardente. On s’en apercevra dès les prochaines consultations électorales ; on s’en apercevra de mieux en mieux à mesure que la date des prochaines élections générales se rapprochera. Quant à notre Parti, au risque d’étonner, de décevoir ou de faire sourire certains de mes collègues et confrères, je dirai que je ne lui ai jamais trouvé meilleur visage, meilleure allure, meilleure santé. On ne me croira peut-être pas ; on aura grand tort de ne pas m’en croire. Les principes de notre Parti sont la discipline, l’amitié et la liberté. La liberté anime les débats ; l’amitié inspire les sentiments ; la discipline règle les actes. De grands problèmes sont discutés entre nos mili tants avec une franchise et une indépendance entières, mais sans que la fraternité des rapports personnels reçoive la plus légère atteinte, sans que l’action commune perde quoi que ce soit de sa cohésion. Le Parti est uni, et il est fort. Quand on touche le sol vivant du Parti, on y trouve soi-même force et réconfort, comme Antée quand il touchait la terre....

À propos

Lancé en 1908 sous le patronnage d'A. Bedouce, député SFIO, Le Midi socialiste était un quotidien de gauche édité à Toulouse. En 1910, Vincent Auriol en devient le rédacteur en chef. Malgré ses vélléités de grand quotidien régional, Le Midi socialiste se vendait essentiellement dans Toulouse même, où son tirage était par ailleurs relativement faible.

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