Extrait du journal

vient d’être créée en "Europe. Et si trouble que celte situation nous apparaisse, on est obligé de prendre vis-à-vis d’elle un parti prompt, clair et courageux. Pour exécuter les engagements des garanties qu’elles ont contractés vis-à-vis de la Pologne, de la Roumanie, de la Turquie, la Grande-Bretagne et la France ne peuvent plus tabler sur le concours de la Russie soviétique. Je ne dis pas qu’en fait ce concours ne serait pas donné. Je dis franchement qu’on ne peut plus faire fond sur lui. Cependant, si l’union qui hier encore était absolue entre la Grande-Bretagne et la France sc trouble, se voile, se relâche un seul instant, si ces gouvernements et les opinions de Grande-Bretagne et de France fréchissent ou se relâchent un seul instant dans leur résolution de remplir sans réserves les engagements des garanties qu’ils ont contractés, alors un coup de force allemand sur la Pologne devient possible dès demain ; alors, en tout cas, l’effondrement du front de la paix en Europe centrale et orientale n’est plus qu’une question de quelques semaines ; alors la Hongrie, la Roumanie, la Yougoslavie sont condamnées à subir l’asservisse ment de l’Axe. Alors, nous sommes condamnés nous-mêmes a subir avant peu de mois la guerre sur nos trois frontières. Si l’union entre la Grande-Bretagne et la France demeure entière, si leur résolution de résister à toute entreprise de violence contre les puis sances qu’elles ont garanties demeure intacte, alors Hitler reste tenu de peser des risques certains, avec des chances incertaines ; alors, il subsiste encore un espoir de paix. J’irai même jusqu’à avancer, m’exposant volontiers a ce qu on raille une fois de plus ma manie d’optimisme, qu’un espoir nouveau de paix apparaît. Car enfin le pacte germano-soviétique apporte une réponse plausible à la question que se posaient anxieusement les hommes d’Etat : Comment Hitler peut-il s’arrêter ? Après l’ar rangement avec les Soviets, il peut s’arrêter glorieusement, en sc parant devant son peuple du plus cynique, mais du plus surpre nant des triomphes. Il peut accepter glorieusement les conversations amiables égales et paisibles, auxquelles il s’était toujours refuse. Chimère, me dira-t-on. Mais que l’on poursuive cette chimère ou que l’on se borne à la stricte réalité, la conclusion reste la meme : l’union et la calme détermination des grandes démocraties occiden tales peuvent seules préserver la paix. LEON BLUM Tous droit s de reproduction a l hlranqcr réservés à Coopération...