Extrait du journal

Il est une chose aujourd’hui incontestée : c’est que l’avenir de la Californie, sous le rapport de ses richesses aurifères, dépend des Sociétés bien organisées qui seront chargées de recueillir leur part dé ces richesses à jamais inépuisables ! Sans ces Compagnies bien instituées, bien dirigées et pourvues d’ru matériel important et durable, le succès de la Californie est un non sens ; — sans elles, ce prétendu succès est une formidable épée tournée sans cesse vers le cœur de ce beau pays, puisque le voyageur isolé, devant au hasard la découverte d’un filon, s’enrichissant au moment où il s’y attend le moins, dépense aussi facilement qu’il l'a trouvé, cet or, objet de sa convoitise et de son ambition, mais qu’il ne possède pas plus tôt, qu’il semble avoir oublié tout ce qu’il a consacré de temps et souvent de santé pour en être possesseur.— L’homme est ainsi fait. Depuis le jour où le Créateur lui assigna le domaine de l’univers, un but constant, éternel, s’est emparé de son espritjee but, cuesta recherche de l’aisance, du bonheur. Et cependant, les générations se sont succédé, les mortels ont passé par le monde ; ils ont toujours poursuivi leur projet, ils ont essayé de tous les moyens, sans pouvoir réaliser cette chimère qu’on nomme le bonheur. Quelques uns, voulant arriver à leur but par la sagesse, se sont faits philosophes ; mais loin de devenir sages, et par conséquent heureux, ils n’ont été que plus extravagants, et leurs systèmes, leurs opinions sont restés comme des monuments de la folie humaine. D’autres, croyant trouver la félicité dans les plaisirs, se sont abandonnés immodérément à tous les agréments de la vie, et, trompés par le goût du calice qu’ils savouraient à longs traits, la mort est venue leur prouver avant le temps qu’ils avaient méconnu le vrai but de la vie !...