Extrait du journal

C’est la nuit vide, chargée d’horreur sinistre. Quels mystères enveloppe le regard éperdu ? Quel démon est caché sous le pas que l’on s’apprête à faire ? Et ces ombres dans l’ombre, hideusement inertes, ces formes sans contours nets, quelles démoniaques animations cachent-elles ? En vain le regard impuissant fouille et rebouille l'espace ; les visions sont fugitives et l'esprit s’hébète à regarder l’absence ? Aucun choc à la vue. Rien, aucune forme digne de ce nom ; l’impalpable sensible, l’insensible évident et une ambiance de frayeur, de terreur qui, par degrés, tend à l’épouvante. Et cette terreur qui gagne l’me, cette terreur incompréhensible qui lui vient de l’insondable, cette émotion violente de l’imagination en présence du mystère, séjour des rêves et des cauchemars, ne sont pas dépourvues d’un arrière goût de volupté. Pour le moins elles présagent celle-ci, le cauchemar terminé à la faveur de la lumière et de l’attendrissant voisinage des humains....