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Le Mistral, 20 novembre 1901

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Le Mistral
20 novembre 1901


Extrait du journal

LA MAISON NATALE Pour ma Mère, i Tous les ans, aux beaux jours d’été, par les venelles Du village endormi sous le vaste ciel bleu, Je reviens au logis où vit encore un peu Le souvenir joyeux des aubes maternelles. C'est dans un coin tranquille, ure simple maison. Un étroit jardinet en riant vous accueille ; On y pourrait compter les plantes feuille à feuille, Car l’ombre n’y fait point surgir de floraison. Deux longs acacias au feuillage en ombrelles Sont là, toujours pareils, maigres et décharnés ; Ils étaient des géants à mes yeux étonnés Ils ne sont plus que des arbrisseaux gris et grêles. Les murs son* lézardés, ridés comme des vieux ; Un lierre aventureux scelle les portes closes. — C’est là qu au ciel léger de la Provence en roses Pour la première fois se sont ouverts mes yeux. | D’une fleur bleue ou d’un papillon l’âme errante Emplissait de frissons la chambre où je naquis, Car mon éveil au jour lumineux fut exquis, Battant des ailerons l’atmosphère odorante. C’était dans la saison où saignent les raisins Entre les flancs gonflés des cuves et des tonnes ; Un mistral amolli, précurseur des automnes Charriait les senteurs de thym des clos voisins. Mon enfance goûta le miel de ces chimères Et s’ouvrit toute grande aux souffles maraudeurs, Qui portaient des tiédeurs,des rêves, des odeurs, Dans le jardin fleuri de plantes éphémères. J’ai gardé de ces jours passés dans le miroir De mon âme attendrie, une image fervente, Pour la retrouver telle aux heures d’épouvante Qu’une clarté d’étoile au lointain du ciel noir. C’est pourquoi, tous les ans, quand le baiser des roses Flirte avec le baiser du frêle romarin, Je suis le pèlerin d’amour, le pèlerin En marche vers le nid des soutenances roses. J Par les chemins plantés d’âpres cailloux pointus, Je reviens saluer la maison délaissée Et moissonner les fleurs de ma jeune pensée, Qui jonchent le jardin ainsi que des fétus. Oui, la chère maison natale garde en elle Un peu de notre sang, un peu de notre chair ; Tout y palpite encorde de ce qui nous fut cher. Dès l’taure où notre rêve éclos tendit son aile....

À propos

Le Mistral est un hebdomadaire ayant paru à partir de 1891. Édité à Avignon, son contenu se veut humoristique et porte essentiellement sur l’actualité culturelle et mondaine. Il cesse de paraître une première fois en février 1931, avant de renaître brièvement en mai 1935 avec une « nouvelle formule » au contenu plus politique, puis s’éteint définitivement en octobre de la même année.

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