Extrait du journal

Dénonciation d’hostllltèe. Le Journal de Rouen, dans son dernier numéro, est fort de mauvaise humeur, et nous en sommes la cause malheureuse. Après avoir montré les phases du progrès commercial de l’Angleterre, après avoir décrit le système de protection ardente et intolérante au moyen duquel elle est arrivée a sa prospérité présente, après avoir fait sentir et prouvé la nature et la force de l’infériorité qui nous met hors d’état de lutter avec la protection britannique, nous avons commis le crime de conclure : que 1 histoire de l’Angleterre nous enseignait a persévérer dans le régime d’où elle avait tiré de si grands résultats, et qu’il nous fallait au moins cinquante ans de cette persévérance avant de pouvoir penser à combattre contre elle par le bon marché et la multiplicité de nos produits, par l’organisation de notre industrie, par l’abondance et le bas prix des capitaux manufacturiers. Cette conclusion, qui nous semblait très-modérée a cependant provoqué, dans le journal auquel nous répondons, de véritables transports. Il parait, au reste, que le libre-échange est tout-puissant, qu’un mot de lui doit suffire à faire couler le régime qui, depuis trente-cinq ans fait la richesse de la France, que, s’il s’est abstenu, c’est par pure générosité et par un excès de clémence, que le système protecteur est miné de tous les côtés; que, sans doute, les intérêts nationaux lui sont parfaitement hostiles; que le libre-échange, en un mot, est à la tête de l'opinion. Aussi, entendant ce qu’il appelle notre outrecuidance, n’avous-nous plus de grâce â espérer. Il propose de retirer toutes ses concessions; il veut rentrer dans la rigueur de ses principes. Tout ou rien! voilà la devise qu’il veut arborer désormais et le système protecteur n’a plus qu’a se bien tenir....