Extrait du journal

Les lettres sont en deuil. Théodore de Banville était l’un des glorieux survivants de la grande floraison lyrique du dix-neuvième siècle. Venu un peu après la génération de 1830, il en avait perpétué, jusqu’à nos jours, l’enthousiasme, l’ardeur, la flanquée, l’amour du beau, le culte de la couleur, l’épanouissement de la pensée, la splendeur du rythme, l’adoration de l’art et le respect de ceux qui le pratiquent. Il était de ces joailliers du verbe qui cisela lent les mots comme des coupes. chaque strophe sortie de ses mains surgissait burinée comme une aiguière de Cellini. Ses poèmes furent tous de courte dimension. Mais, pour les sculpteurs du rocher de l’art, la miette de Banville n’équivaut-elle pas au bloc de Michel Ange ?...