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Le Nouvelliste de Bellac, 3 février 1895

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Le Nouvelliste de Bellac
3 février 1895


Extrait du journal

Il m’a été au moins aussi pénible d’amnistier Gérault- Richard, et cela à un moment où l’insulte, la calomnie, la diffamation sont de plus en plus en honneur dans certaine presse. Et puis l’amnistie présente à mes yeux des dangers qu’on ne saurait mécon naître : elle énerve l’action delà justice, elle fait naître pour l’avenir l’espoir de l’impunité dans l’esprit des fauteurs de désordre. Pourquoi désormais les magistrats feraient-ils leurs devoirs, pourquoi les jurés auxquels sont déférés les coupa bles se montreraient-ils justes et sévères si, le lendemain, leurs décisions sont infirmées par le Parlement qui d’un trait de plume raie du casier judiciaire la condamnation méritée ? Pourquoi les révolutionnaires renon ceraient-ils à la violence si, l’ordre une fois établi, ils sont assurés d’avance d'échapper au châtiment ? Le gouvernement a cru pouvoir passer outre. Nous n’avons pas voulu nous montrer plus jaloux que lui du respect néces saire des lois. Souhaitons que les uns et les autres nous n’ayons pas à le regretter plus tard. Mais tout de suite M. le président du conseil a dû voir où pouvaient mener les concessions. A peine l’amnistie était-elle votée que le règlement fléchissait en faveur de MM. Jaurès et Rouanet. Puis, immédiatement après, les trai tements suspendus étaient rendus aux prêtres disciplinairement frappés pour rébellion contre l’autorité. Si M. Brisson ne s’était hâté de lever la séance, nous allions peut-être abroger les lois qui interdisent aux prétendants l’accès du territoire, peut-être aussi nous déjuger sur la question Mirman, ouvrir toutes les prisons, que sais-je encore? M. le ministre des cultes a bien essayé d’endiquer le courant de générosité. Trop tard. On n’arrête pas plus une Assemblée emballée qu’on n’arrête un cheval fringant auquel on laisse la bride sur le cou. M. le président de la Chambre a seul trouvé le bon moyen : il est prestement descendu du fauteuil. Que faut-il conclure de l’attitude du gouvernement dans celte séance où il a pris contact avec la Chambre ? Je ne veux pas récriminer. J’aurais mauvaise grâce, puisque j'ai voté ce qu’il me demandait. Je me permets seulement avec tout le le respect que j’ai pour M. Ribot de lui dire : Prenez garde ; pas de concessions à nos adversaires, ce serait regardé comme de la faiblesse ; soyez ferme ; en un mot, gouvernez. Déjà Y Intransigeant déclare qu'on doit envisager l’amnistie, non comme un acte de haute clémence, mais comme la réparation d’une iniquité. La Libre Parole se refuse à remercier M. Ribot qui n’aurait cédé, dit-elle, que par crainte d’être jeté à la porte. Et tous les journaux d’opposition tiennent à peu près le même langage. Que la façon dont sont accueillis les gages d’apaisement serve d'avertis sement à la majorité et à nos gouver nants. Prenons garde ! Maurice Lasserre, Député de Tarn-et-Garonne....

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Fondé en 1831, Le Nouvelliste de Bellac était un journal de la Haute-Vienne. Il disparaîtra plus de cent ans plus tard, en 1942.

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