Extrait du journal

CHAUVINISME ET PATRIOTISME On a fait grand bruit de la parti- > cipalion des artistes de la Société natio nale des beaux-arts à l’exposition de peinture de Berlin ; puis, le sujet ayant paru trop futile pour provoquer une émotion patriotique bien vive, on a réservé toute son indignation contre j l'idée de l'envoi d’une division navale j à Kiel, lors de l'inauguration du canal de la Baltique à la mer du Nord. Le ! gouvernement a passé outre. Sa décision I a naturellement été l'objet de commen taires très vifs de la part de certains journaux parisiens, qui ont cru par leur intransigeance llatter le chauvi- j nisme de leurs lecteurs. A juger les choses de sang-froid, on doit reconnaître que le gouvernement ’ français ne pouvait prendre un autre parti. Quand on veut la paix, il faut \ savoir se résigner aux actes de cour- j toisie ou de simple politesse qu’elle I comporte. Est-ce à dire que nous devons oublier ! le démembrement de notre pays, et ! consentir à ce que l’Alsacc-Lorrainc j reste à jamais allemande? En aucune , façon, mais c’est une mauvaise manière ! de se préparer à une revanche — si ! tant est qu'on ne puisse trouver une ’ transaction satisfaisante pour la fierté des deux pays rivaux — que de dé- j penser son énergie en procédés mes quins. L’Allemagne, qui n’avait pas su nous pardonner nos victoires du com- 1 mencemenl du siècle, et qui a su si | paliem ment attendre l'heure de l’attaque, avait pris grand soin de ne pas afficher ! ses rancunes. En refusant de prendre part à une i manifestation de pure politesse, en par faite concordance avec d’autres usages...