Extrait du journal
que l’œil des profanes, c’est-à-dire des bonnes gens comme vous et nous, ne peut saisir,c’est la «différence du change » d’un pays à l’autre, la prime de l’or, la baisse du taux de l’argent, la disquali fication plus ou moins forte qui atteint le papier monnaie de tel ou tel Etat. C’est principalement à ces causes que ce bon M. Méline attribue le piteux résultat qu’ont eut ses fameux tarifs protecteurs, ces tarifs qui devaient, il en jurait, ré tablir l’âge d’or en ramenant l’abondance dans les campagnes et les villes Ce n’est qu’en passant et comme pour mémoire que nous notons cette opinion des économistes, car nous croyons que l’on pourrait tout aussi bien soutenir que ce sont les produits, leur abondance ou leur rareté qui déterminent la valeur de l’instrument des échanges, c’est-à-dire des métaux précieux monnayés ou du papier fiduciaire, et non la monnaie ou le papier qui en est le gage qui déter minent la valeur des produits. L’on vous donnera plus ou moins de soie, de fer ou de blé ; pour 100 francs, selon que la soie, le blé ou le fer seront abondants ou rares sur le marché. Mais, n’insistons pas, cette discussion, un peu oiseuse, risquant de nous mener trop loin. Nous croyons, nous qui n’avons aucune prétention à passer pour un économiste, qui soutiendrions même, dût Yves Guyot s’en voiler la face, que ce que l’on appelle l’économie politique n’est pas une science ; nous croyons, disons-nous, qu’une des causes de la baisse des prix dont se plai gnent les producteurs, alors que les con sommateurs constatent au contraire leur élévation chronique, lient surtout à la rapacité et aux manœuvres diverses des spéculateurs et des intermédiaires qui se livrent à des accaparements partiels, les quels ont sur la vente au détail une influence très grande. Cette spéculation, cette sorte d'accapa rement, ces manœuvres qui ne tombent pas sous le coup de la loi, qui sont peutêtre une conséquence de l’évolution qui entraîne sans cesse l’humanité, ont pour résultat de priver le producteur d’une notable portion de ses légitimes bénéfices, et en même temps d’empêcher le con sommateur de profiter des années d’a bondance ou des bienfaits de la con currence. Elles faussent le jeu régulier de la loi — naturelle — de l’offre et de la demande. Il serait peut-être fort difficile d’arriver à supprimer ce rôle des intermédiaires qui vivent aux dépens du producteur et du consommateur, s’enrichissant de la ruine de l’un et de l’autre ; mais c’est dans ce sens que les pouvoirs publics et aussi les économistes devraient diriger l’éducation sociale des masses. Mais la plupart des économistes soutiennent plu tôt la spéculation, qui au lieu de main tenir dans ses règles normales la loi de l’offre et de la demande en fausse l’esprit en produisant des cours fictifs, multipliant ou raréfiant tantôt l’offre et tantôt la demande. Celte spéculation, ces trafics des inter médiaires, les espèces d’accaparements auxquels ils se livrent, ne tarderont pas à produire, sur le marché des denrées et produits divers, les ravages, les ruines lamentables qui, en ces dernières années, ont bouleversé les Bourses des marchés financiers. Seulement, sur le marché des produits et denrées nécessaires à l’exis tence de l’homme, les conséquences en seront plus désastreuses encore que sur le marché financier. — J. G....
À propos
Fondé en 1831, Le Nouvelliste de Bellac était un journal de la Haute-Vienne. Il disparaîtra plus de cent ans plus tard, en 1942.
En savoir plus Données de classification - félix faure
- hubbard
- bonnaud
- ternet
- pannelier
- bouriquet
- jost
- gabrielle andré
- andré
- barbaroux
- paris
- bellac
- darnac
- bordeaux
- vichy
- nantiat
- nouic
- havre
- vienne
- périgueux
- journal officiel
- ecole polytechnique
- la république