Extrait du journal

Il n’v a peut-être rien de plus caractéristique de l’état d’esprit qui, devant tant d'actes de belle audace, pousse à ne plus douter de rien, que le mot prononcé au moment du retour à Paris de Garros, après sa magnifique traversée aérienne de la Méditerranée : « — Et, maintenant, à quand la traversée de l’Atlantique ? » Aux chaleureuses félicitations qui accueillaient l’aviateur qui a victorieusement tenu, avec un courage que sa simplicité rend plus admirable encore, le défi qu'il s’était proposé à lui-même, se mêlait cette question, et je crois qu'on la lui a posée directement, avec quelque indiscrétion, à peine venait-il de toucher terre. Nous vivons dans la hâte des prodiges, et l’exploit extraordinaire de la veille incite à penser à celui du lendemain, avec une impatience qui ne calcule pas tous les obstacles, mais qui atteste du moins la foi dans la solution des problèmes ies plus difficiles. 11 serait sage, sans doute, de mieux mesurer les étapes, et l’opinion pourrait prendre le temps de se satisfaire du merveilleux acquis. Par contre, jamais atmosphère plus favorable n’a été créée autour des hommes d'action, soutenus par l’affection publique dans leurs téméraires desseins, et portés, par là-même, à élargir incessamment leur effort....