Extrait du journal

La patrie, pour ces gens-là, c’est tout simplement le troupeau sur lequel ils promènent les ciseaux qui servent à lui enlever sa toison ; la patrie, c’est le champ où, tel qu’une bête de somme, s’épuise le malheureux paysan dont on volera le plus clair de la récolte; la patrie, c’eut l'usine, la carrière, la mine, l’atelier, le magasin où toute une fourmilière triant et s’exténue pour le seul profit d’une poignée de parasites, aussi dévotants et pervertis qu’ils sont inutiles ; la patrie, c’est la division qui permet aux exploiteurs cosmopolites d’entretenir les haines entre les explantés de partout et d’empêcher leur réconciliation qui marquerait la fin de leurs brigandages économiques et politiques ; la patrie, c’est la main mise sur les hommes les plus robustes, apilés à se faire les gendarmes du restant de la nation ; la patrie, telle que la comprennent les adversaires du véritable socialisme — celui qui ne sait et ne veut rien renier de ce qu’il croit la vérité — est une chose monstrueuse, la plus canaille des duperies qu’ait enfanté la fourberie humaine....