Extrait du journal

Il faut savoir ne pas rabaisser lo mérite d'un ennemi, si cruel qu’on l’ait trouvé. Bismarck a été le plus grand génie politique de notre temps. On peut le comparer à notre Richelieu et à notre Henri IV, rêvant pour leur pays l’hégémonie d’une Europe refaite par leurs mains. Certes, sa fortune l’a servi. Par deux fois, il a livré ses projets de grandeur au hasard incertain des bataillons. Mais il avait (eut fait à l’avance pour que la fortune obéit à son génie. Associé du roi Guillaume et non pas courtisan, ayant su découvrir et défendre en de Molko un Bismarck militaire, sachant prévoir et faire naître l’occasion dont il devait profiter, il marcha dans sa voie sans s’arrêter jamais, d'une volonté ferme et constante, qui semblait soutenue I par je ne sais quelle pensée do mystique inspiré. Bismarck fut même bien moins dissimulé, bien moins monteur qu’on no veut le dire. Il put dans le. détail des tractations diplomatiques, descendre parfois à des adresses, à des habiletés de mauvaise foi, indignes de lui-même. Il connut peu les scrupules où s'arrêtent les gens dont on dit qu’ils ont le cerveau «galant homme. » Mais, il ne cacha guère le rêve ambitieux qu’il faisait pour son roi et pour sa patrie et il prépara les moyens d’action avec une activité qui no devait permettre à personne de les ignorer. La France put être surprise et le fut en effet: mais elle avait #lc avertie. Dès la main mise sur les passessions Danoises au nom de l'autoritarisme Germanique, la candidature du roi de Prusse à l’Empire d’Allemagne était posée devant l’Europe. Un diplomate do haute intelligence, comme Rotiian, un soldat attentif et aminié, comme Stoffel, no sc trompèrent pas un instant sur les projets do Bismarck et sur les préparatifs d? de Molkc pour en assurer lo succès. N’accusons que nous mêmes et ceux qui gouvernaient alors nos destinées do n’avoir pas su écouter ceux qui avaient su voir......