Extrait du journal

Depuis deux ans au moins, mon cerveau ne s’appliquait qu’à la Chose qui accaparait l’attention publique. J’en avais négligé mes occupations coutumières. Ma maîtresse, que j’adorais, m’avait quitté pour la raison que nous étions d’opinion contraire, et que, puisqu'on ne parlait plus que de « ça », l’existence commune était devenue intolérable. Nous ne nous abordions plus, entre amis, qu’avec une extrême méfiance, craignant des allusions malsonnantes, une irritante appréciation de la question du jour. Et, par amour du repos, préférant être seul, je lisais attentivement, du matin au soir, tout ce qui s’imprimait sur le sujet éternel. Ainsi, j'avais pris à tâche de n’en laisser échapper aucun détail, ce qui m’obligeait a faire des classifications très longues, par lettres alphabétiques, chaque jour m’apportant le nom des personnalités nouvelles. Ce qui s’est passé pendant ces deux ans. en dehors de la Chose, je n en ai rien su....