Extrait du journal

Ceci est un peu la parabole de ce qui s’est passé quand l’amiral Besnard a mis indûment à la retraite les 29 officiers en question. L’un d’eux a pris l’initiative du recours au conseil diktat. Il a dû consulter ses camarades qui tous probablement l’ont approuvé. Ensuite, quand il a fallu signer, il s’est trouvé que beaucoup qnt hésité, puis refusé, en sorte que c'est seulement une minorité infime de neuf sur vingt-neuf qui s’est présentée devant la juridiction supérieure. Je trouve l’exemple très caractéristique de notre manque de solidarité. Les timides et les indécis sont toujours le plus grand nombre, et les esprits décidés le plus petit. Que la victoire soit à ces derniers, c’est justice, fis ont lutté et couru des risques. Je sais bien qu’on prétend que, sous le ministère Besnard, une pression fut exercée sur les officiers mis à la retraite de façon à les déterminer à la résignation. Ceux qui se résignèrent par crainte de rigueurs imaginaires, ou parce qu'ils n’avaient pas foi en la justice définitive, eurent tort et mirent leu’ru camarades plus résolus dans une mauvaise posture. En effet, ceux qui réclamaient, étant si peu nombreux, devaient, »a priori »,.produire un peu l'impression du malheureux soldat de la soupe. Ils avaient, comme lui, toute l’apparence de « rondeurs » et de « fortes têtes ». Et le silence de leurs compagnons d'infortune diminuait leurs chances de succès, fout esprit non prévenu devait penser : «Puisque les autres ne signent pas le recours, c'est qu'ils considèrent comme légale la mesure qui les frappe.» Et si les neuf protestataires eurent finalement gain de cause, il faut en première ligne les féliciter de leur courage....