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Le Petit Caporal, 4 octobre 1879

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Le Petit Caporal
4 octobre 1879


Extrait du journal

Les grèves se multiplient. Je ne veux point chercher dans ce fait le symptôme d’un malaise plus ou moins aigu chez les classes laborieuses ou d’une crise sociale en prépara tion pour une échéance plus ou moin s pro chaine. Je veux l’envisager, au contraire, comme un phénomène organique et normal, comme un des modes de l’affranchissement ouvrier et, par conséquent, comme un des éléments les plus importants et les plus - sérieux de cette « question sociale », qui fournit matière à tant de creuses déclama tions et parfois à de redoutables et sanglants conflits. En 1804, la grève était encore un délit prévu et réglé parles articles 414, 415 et41G du Code pénal. Les patrons pouvaient libre ment se coaliser ; les ouvriers ne le pou vaient pas et, s’ils le tentaient, cela les me nait tout droit en prison. Le gouvernement de l’Empereur fit disparaître cette iniquité sociale par la loi des coalitions, qui effaça le dernier "vestige légal des vieilles servitu des et instaura, dans l'ordre économique, le principe d’égalité institué, dans l’ordre poli tique, par le suffrage universel. Les ouvriers, ou beaucoup d’entre eux, ont oublié cela ; ils s’en souviendront quel que jour et reconnaîtront leur ingratitude. Quoi qu’il en soit, cette loi des coalitions, en reconnaissant aux ouvriers le droit de se concerter sur leurs intérêts, a produit et de vait produire un résultat considérable, à savoir : la renaissance de l’esprit corporatif. Je me souviens que, lorsque je rentrai en France, en 1869, après un long séjour à l’é tranger, je fus frappé de certains indices qui innonçaient clairement la formation de corpo rations nouvelles, fondées sur le principe mo derne de l’égalité. Je m’emparai de cette idée et j’entrepris,dans de nombreux articles, d’en Soutenir la légitimité et d’en indiquer le dé veloppement inévitable. On me traita de réactionnaire dans tous les camps; on m’ac cusa de rêver le rétablissement des maîtrises et jurandes privilégiées. Je n’en fus point ému; je savais dès longtemps que les idées justes ont à soutenir de longues luttes contre les préjugés, contre les habitudes, contre l’ignorance, contre les intérêts alarmés. Je poursuivis mon étude attentive et je me convainquis que la corporation aurait rai son de tout cela. Un jour, dans une réunion électorale de la galle Molière,— le candidat était, si je ne me...

À propos

Le Petit caporal était une feuille politique financé par le parti bonapartiste L'Appel au peuple et dirigée par François Perron. En 1877, choquées par la violence des propos de celui-ci, les autorités du parti confièrent la direction à un homme moins turbulent, Jules Amigues. Le journal, affichant pendant plusieurs décennies des tirages à quelque 20 000 exemplaires, fut publié jusqu'en 1923.

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