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Le Petit Caporal, 18 janvier 1884

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Le Petit Caporal
18 janvier 1884


Extrait du journal

les courtisans des puissants du jour et se déclarent aussitôt républicains, si c’est la république qui a triomphé 5 les autres, ceux dont la république ne voudrait peutêtre pas parce qu’ils ont un passé politique trop compromis, ceux qui voyant toutes les places prises savent ne pouvoir en ob tenir qu’avec un changement de régime, ceux-là flairent le vent et s’attachent pour un temps au Roi ou à l’Empereur de de main. Ils font crédit à l’avenir, mais un crédit provisoire, car ils ne veulent point atten dre trop longtemps ; et, du jour où la pro vision de patience qu’ils ont pu imposer à leur ambition se trouve épuisée, ils chan gent de route, c’est-à-dire de « convic tion ». Combien en avons-nous vu agir ainsi de puis 1870 ! C’est là un spectacle qui peut écœurer les hommes de foi et de convic tions véritables, mais qui ne doit point les décourager. En ce qui concerne spécialement le parti impérialiste, il est certain qu’il a compté, comme les autres, et qu’il compte encore dans ses rangs des hommes qui l’ont abandonné ou qui l’abandonneront. Sa situation présente offre, il faut bien le dire, des excuses faciles aux consciences éclectiques, aux hommes pressés et peu trempés pour la lutte. Ah! tant que le Prince Impérial a vécu, nous ignorions, dans notre parti, ce que signifiait le mot « défection ». La république avait pu, gràci aux mal heurs de la Patrie et avec le concours de l’étranger, mettre le pied sur la France et s’emparer du pouvoir. Mais d’année en année, de jour en jour, le parti de l’Empire se reconstituait : les députés bonapartistes n’étaient que dix en 1871 pour protester contre la dé chéance ; mais un peu plus tard, ils furent trente à la Chambre, puis cinquante, puis quatre-vingts, ils étaient plus de cent lors que mourut le Prince Impérial. La mort du Prince fut le premier signal des premiers découragements, et après les découragements viennent les défections. Cet évènement rejetait en effet loin dans l’avenir le retour de l’Empire, et l’exis tence même du Prince Jérôme était pour le parti un coup aussi terrible, plus ter rible, peut-être, que celui dont il venait d’être frappé. A la Chambre, les représentants du parti bonapartiste ne revinrent que quarante, et nous ne sommes malheureusement pas au bout. Ce sont là des symptômes graves sur les quel on pensera peut-être que nous ferions mieux de nous taire plutôt que de le cons tater ouvertement. Eh bien, non. Il faut que le parti impérialiste con naisse la véritable cause de son affaiblis sement momentané. Il faut qu’on sache qu'il est irrespon sable de ce qui se passe, il faut qu’on sache que les principes, les doctrines de l’Empire n’ont rien perdu de leur forcé, il faut qu’on sache en un mot que si le parti s’affaisse pour un temps, la cause reste debout aussi puissante que par le passé, car elle est immortelle. Les hommes qui ont déserté les rangs du parti depuis la mort du Prince Impé rial en se donnant pour excuse « qu’ils ai maient mieux... autre chose que l’Empire...

À propos

Le Petit caporal était une feuille politique financé par le parti bonapartiste L'Appel au peuple et dirigée par François Perron. En 1877, choquées par la violence des propos de celui-ci, les autorités du parti confièrent la direction à un homme moins turbulent, Jules Amigues. Le journal, affichant pendant plusieurs décennies des tirages à quelque 20 000 exemplaires, fut publié jusqu'en 1923.

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