Extrait du journal

MS PATRIE I Voilà nos socialistes retour de Bru xelles. J’aime à croire que la petite noce qu’ils se sont offerte à Gand la veille de leur retour ne leur aura point fait perdre de vue la haute mission dont ils ont pris charge. Après tout, ces braves délégués devaient avoir le gosier passablement sec après toutes les inepties qu’ils ont débitées dans leur Congrès. Il serait cruel de leur reprocher une journée d’agrément chez les mastroquets bel ges, On a beau être socialiste, que diable ! on n’est pas parfait. Il est d’ailleurs une condition essen tielle exigée de tout individu faisant officiellement profession de socialisme et aspirant à l’honneur de représenter ses coréligionnaires à une assemblée quelconque. Il faut ignorer d'une façon complète la loi du sens commun. J’ai beau en effet lire et relire les tirades prononcées à Bruxelles et m’évertuer à trouver quelque chose de positif dans les élucubrations sor ties du cerveau de ces réformateurs de l’ordre social, je n’y (comprends goutte. Je me trompe, je comprends qu’ils ont dit force bêtises et que ces genslà ne savent même pas au juste ce qu'ils veulent. La preuve, c’est qu’ils ne parvien nent point à s’entendre entre eux et qu'en fin de compte ils sont obligés de se séparer sans avoir rien décidé, du moins en ce qui concerne la ques tion doctrinale. Pas plus après ce dernier congrès qu’&uparavant, le parti socialiste ne peut s’appuyer sur un principe re connu par l’universalité de ses adeptes. Que reste-t-il alors ? Un groupe ment plus ou moins nombreux d in dividus recherchant sans boussole une terre inconnue, qu’ils entrevoient au milieu des divagations de leur esprit malade. Ce ne sont fichtre pas les théories développées par les Vaillant et autres qui auront fait avancer d'un pas la solution de cette question sociale dont se préoccupent à juste titre tous les gens qui veulent réfléchir. Les gouvernements, quels qu ils soient, ne sauraient une seule minute se prêter aux conceptions d’individus qui, non seulement font fi du senti ment patriotique le plus élémentaire, mais affirment bien haut leur volonté de résister par tous les moyens aux lois de leur pays, en cas de conflit entre les nations. La négation de l’idée nationale, telle est l’œuvre la plus claire accomplie par le Congrès de Bruxelles. On viendra dire, je le sais bien, que les démonstrations de fraternité entre délégués socialistes ne signifient point que toute idée de patrie soit repoussée. On rappellera que le congres s’est séparé au chant de « la Marseillaise » et que des orateurs ont fait l’apologie de la Révolution française. Soit, mais parmi tous ces gens qui ont pris la parole, on n’en citera pas un seul qui aillait acte de Français. Tous ont voté comme un seul homme à la suite de ces écumeurs internationaux plus dangereux mille fois pour la sécurité d’un peuple que le pire des espions ou des traîtres. C’est triste â dire, mais les socia listes allemands sont moins avancés ciue les socialistes français dans cette voie de la négationau patriotisme. Ils ont refusé en effet de répondre à la question qui leur était posée de savoir s’ils prendraient les armes en cas de déclaration de guerre. J’ai bien entendu dire que leur refus provenait surtout de la certitude qu’ils avaient d’être coffrés à leur retout* en Allemagne, s’ils s’étaient avisés de...