Extrait du journal

mettront pas la faute de faire échouer une médiation dans laquelle l’intervention de l’Amérique latine tout entière apparaît, sans hostilité contre les Etats-Unis, comme la sauvegarde de la nation mexicaine. La politique des Etats-Unis a tiré un heureux paiti de cette médiation, qui ré pond de la pureté de leurs intentions; mais aussi plusieurs actes récents de cette poli tique ont révélé chez le président Wilson le souci de faire prédominer les principes de droit et d’équité qui sont ceux de la grande démocratie américaine, fille de Washington, sur les entraînements d’un chauvinisme et d’un particularisme exces sifs. En ce moment, M. Wilson achève de vaincre les résistances qu’il pourrait y avoir encore dans le Sénat au vote du bill Sims, adopté par la Chambre, et tendant à l’abro gation de la clause du Panama Acl, qui exempte le cabotage américain des droits de péage du canal. Il n’est point douteux que la majorité du Sénat ratifiera celte abroga tion, moyennant la simple adjonction au bill d’une déclaration affirmant la souve raineté imprescriptible des Etats-Unis sur le canal. Celte souveraineté d’ailleurs, ni l’Angleterre ni personne n’a songé à la contester en demandant simplement que la clause d’égalité du traité llay Pauncefole fût respectée. Un autre acte heureux de la politique du président Wilson a été le traité avec la Colombie dans lequel sent équitablement ré parés les torts causés à cette république par la sécession de Panama. Le Sénat améri cain s’honorera, comme s’est honoré M. Wilson, en ratifiant ce traité dans lequel la grande puissance n'a pas cru s’humilier en exprimant au faible « un sincère regret » des faits qui avaient interrompu leurs rela tions de cordiale amitié. Les Etats-Unis n’accordent pas une simple réparation morale, ils donnent à perpétuité à la Colombie le passage libre et gratuit à travers le canal pour ses troupes, son matériel et ses navires de gerre ; ils lui reconnaissent des avantages commerciaux appréciables dans la zone du canal et le trafic du chemin de fer. Enfin ils lui paie ront une indemnité de cent vingt-cinq mil lions de francs. Le Sénat de Colombie, qui vient de se réunir, a déjà ratifié, en première lecture, à l’unanimité, ce traité qui efface la page noire de Panama. Le Sénat américain tien dra à honneur de le sanctionner lui aussi, d’imposer silence au jingoïsme, et de don ner son concours à une politique qui, de même que la médiation sud américaine dans le conflit mexicain, est réellement digne de la confiance et de I approbation du monde civilisé....