Extrait du journal

Malgré un temps favorable, la foire qui a eu lieu le 5 mars à Bar-sur-Seine, n’a pas été avantageuse au com merce. — Le marché aux grains était peu approvisionné, aussi les prix ont encore haussé. On nous a rapporté qu’une somme de 30 francs aurait été dérobée à une femme de la campagne; ce vol n’a pu être constaté, car, malgré les actives recherches du com missaire de police et de la gendarmerie, le coupable n'a pas été découvert. Une troupe de saltimbanques était venue exploiter la curiosité publique. Ils donnaient un spectacle auquel nous sommes peu accoutumés : de pauvres chiens tout déchar nés étaient forcés de se battre avec des ours. Ce spectacle, digne des temps de barbarie, loin d'attirer la foule, devrait produire l'effet contraire En effet, n'est-ce pas un tableau repoussant que devoir des hommes contraindre de pauvres animaux à s'entre-déchirer pour servir de divertissement. C’est vraiment une honte pour la civilisation, qu'il se trouve encore des gens qui éprouvent du plaisir à assister à de telles représentations. Jeudi dernier, dans la matinée, le nommé Gaulberin, vieillard sexagénaire, a été trouvé mort dans l’écurie du sieur Massin-Maubrey, où il avait passé la nuit. Cet homme, quoique sans ressources et réduit à mendier son pain, n’est pas mort de besoin, mais bien des suites d'une maladie dont il était affecté depuis quelques jours. Il exerçait autrefois la profession de bourrelier à Bar-sur Seine. On se rappelle encore les scènes de désolation et de carnage qui ont affligé la commune de Buzançais, dépar tement de l'Indre, dans les journées des 13, 14 et 15 janvier dernier, à l’occasion de la cherté et du transport des grains; un assez grand nombre d’individus égarés par la peur, poussés par la misère, se sont livrés à des actes de pillage; des maisons, des usines ont été dévastées, des meurtres ont été commis. Nous en avons rapporté les faits principaux, et les circonstances de la mort d'un ha bitant du pays, M. Chambert, en défendant sa propriété. La justice a dû sévir ; par suite des enquêtes et instruc tions, 20 accusés ont été livrés à la cour d'assises de l’In dre. Les débats de cette triste affaire ont duré 8 jours, et le jury avait à répondre à 320 questions. Les jurés ont commencé leur délibération à 2 heures du soir et ne l’ont terminée qu'à une heure du matin, alors les accusés ont été introduits pour entendre la lec ture de l’arrêt qui condamne 25 d'entre eux, savoir : 18 à la peine des travaux forcés à temps ou à la récluT sion, 4 a celle des travaux forces à perpétuité, et 3' à la...