Extrait du journal

C’est avec raison que l’on représente les élections cantonales comme touchant sur tout aux réformes locales el aux intérêts régionaux et l’on ne peut que féliciter les électeurs laissant la politique au second plan de leurs préoccupations lorsqu’il s’agit du choix d’un candidat. On sait, du reste, que les conseillers gé néraux et les conseillers d’arrondissement ont à exercer un rôle politique des plus restreints. Nous ne voulons pasdire par là qu’il faille se désintéresser entièrement de l’opinion de celui qui brigue l’honneur de représenter un canton aux assemblées départementales. L'électeur se gardera bien de voter pour le candidat présenté par un vague comité radical-socialiste. Voter pour celui-là c’est être partisan du régime actuel : Qui a désappris la liberté aux citoyens. Qui leur a enseigné que le meilleur usage qu’on puisse faire de la souveraineté élec torale c’était de l’abdiquer. Qui les a accoutumés à considérer le député comme une sorte de fonctionnaire, n’exerçant point de contrôle réel, mais dis pensant les faveurs du pouvoir selon les mérites de sa propre domesticité. Qui a fait de la France politique une as sociation de laquais ou de maîtres d'hôtels qui portent la sportule delà cuisine à la salle à manger — et qui la goûtent au pas sage. Du régime du favoritisme, de complai sances, de grandes et de petites terreurs ; d’échange de pourboires ministériels et de votes fidèles ; de transformation des préfets en agents électoraux ou en porteurs de contraintes chez les députés suspects d’in dépendance; de l’abaissement des carac tères, de l’aplatissement de l’individu de vant l’autorité; du règne du gendarme; de 1 apothéose de Pandore. L’électeur donnera son suffrage au bon et sincère républicain, au républicain de bon aloi. Etre républicain, c’est avoir au cœur les principes, aujourd’hui bien oubliés, de 1789 ; c’est vouloir faire revivre la justice et la liberté que nos ancêtres ont cru con quérir et qu’ils voulaient voir remplacer le despotisme et l’arbitraire. Etre républicain, c’est avoir la haine de toutes les lâchetés, de toutes les hypocri sies ; c’est, au contraire de bien des fourbes, se faire un point d’honneur de mettre, tou jours et quoi qu’il arrive, ses actes en rap port avec ses paroles et ses idées ; c’est être l’ennemi né de toutes les servitudes, de tous les privilèges, de toutes les iniquités ; c’est être fier de son titre d’homme libre, et par conséquent, c’est n’être l’esclave d’au cun homme, fût-il un puissant et un dieu 1...