Extrait du journal

Sans l’avoir cherché, M. Marcel Marion, professeur au Collège de France, vient d’écrire un ouvrage de haute actualité. Le volume qu’il publie sur les Finances de la Révolution, est le second tome d’une Histoire financière de la Franco depuis 1815 (Rousseau). Il s’agit de la période de la Constituante et de la Législative (1789-1792). M. Marion nous en donne un tableau très vivant, très suggestif, très fouillé, dont tous les traits ne peuvent être nouveaux après tant de travaux antérieurs de grand mérite, mais qui précise sur beaucoup de points ce qu'on ne savait qu’à moitié ou ce qu’on comprend mieux à la lumière des expériences présentes. L’impression générale est une grande leçon de modestie. Les hommes de la Révolution ont été de déplorables administrateurs financiers et économiques. Forts de la leçon de choses qu’ils nous ont léguée, avonsnous su en profiter autant qu’il conviendrait ? « De grandes fautes et d’excellentes intentions »> : un gaspillage involontaire. mais fatal, des magnifiques biens nationaux « mis à la disposition de la nation » pour éteindre la dette et qni tombèrent simplement dans l’abîme sans fond du budget ; incapacité de créer des impôts productifs et encore plus de les faire percevoir ; évasion constante du contribuable insensible aux belles paroles, habitué à se méfier de la rapacité du fisc de l’ancien régime et non encore habitué à l’idée que l’impôt voté par la représentation nationale a le caractère sacré d’une dette d’honneur civique, tel est le spectacle qui se déroule sous nos yeux....