Extrait du journal

Je pensais avoir été sévère en demandant, il y a quelques jours, que les généraux allemands qui avaient ordonné les atrocités dénoncées et prouvées par le rapport de la commission d’enquête, nous fussent livrés à la fin de la guerre pour être jugés et exécutés sur le théâtre même de leurs sinistres exploits. Cet article m’a valu un nombre considérable de lettres, et la plupart me reprochaient en termes souvent acrimonieux un excès d’indulgence î Ce n’est pas assez, au regard de ces patriotes farouches et justement indignés, de fusiller ou de pendre les généraux assassins et pillards. Ce que tous réclament avec le même emportement, ce sont des représailles. J’ai noté particulièrement la lettre d’un soldat blessé qui m’écrivait au nom de tous les*blessés de son ambulance. que c'est une indignité de vouloir tronquer ainsi la juste vengeance dont ils sont tous animés. « Nous voulons, ajoutait-il, lorsque nous serons entrés en Allemagne, faire souffrir aux Boches tout ce qu ils nous ont fait, et rien ne nous en .empêchera ! » De la part de soldats blessés qui furent témoins des atrocités allemandes, cet inexorable appétit- de représailles n’a rien qui pu iss ; surprendre. 11 procède d’une loi de nature que la civilisation ne peut étouffer ni contenir. Mais les civils participent de la même fureur ; les femmes mêmes y ajoutent une note particulièrement féroce, et toutes déclarent à l’envie nue c’est une guerre exterminatrice qu’il faut poursuivre en Allemagne, une guerre qui n'épargnera rien ni personne. Les vins modérés se contentent, de dire : L'idée esl excellente ! Insistez !...