Extrait du journal

pessimiste. Il fallait que Champ suivît un traitement spécial. On lui donna une attes tation et on lui conseilla de se rendre h l'asile de Ville-Evrard, pour s'y faire admet tre. Le camelot atermoya et continua son existence déprimante. ' Dans son cerveau malade a vait ! germé une idée fixe : sa femme était la maîtresse d'un jeune homme demeurant dans sa maison. Des reproches, des scènes violentes, des brutalités du « trompé imaginaire » ; des dénégations, des gestes apeurés, des larmes de l'épouse innocente : ce fut un enfer. Je ne sais pas ce qui me prend, disait , Champ, il ya quelques jours, à un voisin. Il y a des moments où je vois rouge, j'ai des éblouissements, j'ai envie de tuer m» femme. Sans se douter que le péril était immi nent, on tenta de calmer Gustave Champ et on lui fit promettre de se faire soigner à Ville-Evrard. Il consentit et résolut de partir le samedi suivant, c'est-à-dire hier. Sa femme lui pré para ses effets et, avant-hier soir, les époux se couchèrent tôt. Ils devaient se dire adieu le matin de bonne heure. Do la folio ot dm sang Dans la nuit, vers trois heures et demie, Mme Champ dormait tranquillement, quand elle fut réveillée en sursaut par son mari qui la secoua rudement. Allons, debout, canaille ! cria-t-il. Tu vas savoir ce qu'il en coûte de tromper ton mari ! D'un geste vident, il arracha de son lit la malheureuse et la jeta sur le parquet. Grâce ! gémissait-elle. Je te jure que je ne t'ai jamais trompé. Le dément eut un ricanement sauvage. Je vais bien te punir. Ton amant, ton beau jeune homme, celui que tu adores, tu ne le verras plus. Jé vais te crever les veux. Et il brandit une lime triangulaire soi gneusement aiguisée. Pitié ! au secours ! à l'assassin ! hurla Mme Champ, en essayant de gagner la porte. Mais son mari la saisit par les cheveux et lui plongea son arme dans l'œil gauche. Foudroyée par la douleur, Mme Champ poussa un cri désespéré et s'évanouit. Le fou meurtrier demeura un instant slu pide. La lime s'échappa de ses mains, convaincu qu'il avait tué sa femme, il s'af fola complètement. Il ouvrit la fenêtre de la chambre donnant sur la cour de la maison voisine* enjamba...