Extrait du journal

Lorsqu'on va visiter la grotte de la Balme, à la frontière du Lyonnais et du Dauphiné, le guide ne manque pas de vous signaler l'asile où Mandrin fabriquait en paix de la fausse monnaie. Or Mandrin ne fabriqua jamais de fausse monnaie et ne séjourna jamais dans la caverne de la Balme. Mais comme les Dauphinois ont gardé un souvenir vivace de leur célèbre compatriote, et qu'ils en restent plus ou moins légitimement fiers, ils voient ses traces partout. Il est fort peu de grands hommes, de bienfaiteurs de l'humanité, qu'on ait révérés à l'égal de ce capitaine de contrebandiers, dont les exploits ont défrayé je ne sais combien de mélodrames, de feuilletons et de complaintes. Les bonnes femmes de Romans et de Saint-Marcellin en parlent encore avec émotion et l'on retrouverait sans peine dans le pays des médailles frappées à son image. Il restait à démêler l'histoire de la légende, ioa» la matj'uia dus détails rapportés et des contes fabuleux, le véritable Mandrin. C'est à cette tâche qu'un écrivain, curieux de ces sortes de reconstitutions, M. Frantz Funck-Brentano, vient de se dévouer. Il va nous donner un Mandrin tout neuf. Pour l'instant, il n'a pas dépassé la jeunesse de son héros, mais ses premiers travaux n'en sont pas moins savoureux vous allez en juger....