Extrait du journal

II est certain que l'on ne reverra pas, sous les mêmes formes, une prospérité de même nature et de même volume que la prospérité de naguère. On peut voir une autre prospérité, dans d'autres cadres et sous d'autres formes, mais non la même, parce que certaines données, 1 qui étaient exceptionnelles, ont disparu, et que d'autres données sont l changées. r Par exemple, on ne fera pas J que l'Europe, ayant reconstitué sa production agricole, achète à haut prix des stocks énormes de r denrées alimentaires dans les pays 8 d'outre-mer, comme naguère, et enri- f chisse ainsi ces pays dont le sur- f plus de revenus s'employait, à son tour, en achats d'articles de luxe 1 européens. 1 On ne fera pas que les pays t d'outre-mer, ayant perdu l'excédent de leurs bénéfices, continuent à s'industrialiser et, par conséquent, à c payer à leurs fournisseurs européens ou américains les frais d'une industrialisation qui les rendait acquéreurs non seulement de machines, mais de tous les accessoires de la civilisation industrielle. On ne fera pas que les besoins de constructions de toute sorte, causés par les I déplacements de populations et de frontières qui suivirent la guerre, renaissent alors que les déplace- ] ments de populations et de frontières ont achevé leur effet matériel. II est beaucoup de choses que l'on ne fera pas de nouveau. On ne fera pas, surtout, que le crédit se donne à profusion, comme f par le passé, pour des usages que l'expérience a révélés au grand c public n'être pas rémunérateurs. f Ces simples remarques suffiraient à nous montrer que la prospérité universelle, pour repartir, attend une orientation et, en quelque sorte, 1 des « causes » différentes de l'orientation ou des causes qui jouaient naguère et qui ne jouent plus. i Mais le phénomène ainsi décrit n'existe pas seulement à l'égard de l'activité économique en elle-même. H existe aussi bien à l'égard des rapports entre l'activité économique et la politique. Les mesure artificielles que les gouvernements de presque tous les pays ont dû prendre pour corriger les effets de la crise ou s'en défendre, mesures douanières, monétaires et autres, ont bouleversé l'échiquier des affaires, qui n'est plus du tout ce qu'il était il y a deux ou trois ans, et créé des situations nouvelles, qui se défendent, à leur tour, en agissant sur la politique....