Extrait du journal

La dernière page d'une cause célèbre Chaque époque a eu son « mystère ». La nôtre a, présentement la reprise de l'affaire Jean Orth. On peut dire que le monde entier s'intéressa aussi, il y a près de quarante ans, à l'énigme de l'affaire Tichborne. Voici qu'elle a son épilogue définitif on annonce, en effet, la mort, à Londres, de sir Henry Tichborne, à qui un audacieux aventurier, se donnant comme son frère aîné, miraculeusement reparu, longtemps après le naufrage du navire sur lequel il s'était embarqué, disputa une immense fortune. Un aventurier cela fut prouvé par deux procès successifs, dont le second dura cent quatre-vingt-huit jours et coûta, en frais de justice, deux millions trois cent mille francs. Mais, avant le jugement, ce prétendant à un énorme héritage avait réussi à déterminer un grand courant d'opinion en sa faveur il avait ses partisans, singulièrement fervents, et d'autant plus passionnés que certains d'entre eux étaient matériellement intéressés à son succès. Mais ce qui donnait un côté vraiment émouvant à cette lutte, c'est que lady Tichborne reconnaissait en cet homme son fils Roger, ce fils chéri qu'elle avait pleuré pendant quatorze ans. Elle, elle croyait au miracle, et son amour maternel acceptait aveuglément une fable....