Extrait du journal
Décidément le mystère du bifteck est insondable. Nous connaîtrons peut être tous les secrets de la vie future avant d'avoir percé l'énigme de l'aloyau et du faux filet... Nos campagnes, on le sait, viennent d'être très sérieusement secouées par un véritable effondrement des prix du bétail.» Nous, en ville, nous ne nous sommes aperçus de rien; mais nos paysans, eux, comme on dit, ont « senti passer » la criseMais à quoi donc pouvait-on bien attribuer cette mévente soudaine et brutale?— On croyait le savoir et, dans le plus lointain village, les enfants eux mêmes affirmaient, sûrement informés : C'est la faute au gouvernement.. Qu'avait donc fait le gouverne ment?... Parbleu!... Il avait laissé écraser la production française par la concurrence étrangère». Il avait laissé importer tant et tant de veaux, de vaches, de grands boeufs roux et de bucoliques agneaux, qu'on ne savait plus que faire, sur nos marchés, de tout ce bétail international— D'où crise, tout naturellement... L'explication pouvait paraître claire. Des courtiers, particulièrement rensei gnés et quelques politiciens confir maient le fait. La mévente du bétail français était due aux importations excessives d'animaux vivants et de viande fraîche ou frigorifiée— C'était la vérité vraieOr, répondant à une question posée par un député justement alarmé, M. Lamoureux, le ministre de l'Agri culture fournit les chiffres officiels de ces catastrophiques importations... Tenons-nous bien... Les importations de bétail en notre an de grâce 1927 calculs effectués sur les neuf premiers mois de l'année ont été inférieures de plus de la moitié aux importations de l'an dernier ! ! L., Ainsi le gouvernement, dans l'affaire, est un peu plus qu'innocent... Ainsi, « la main de l'étranger » n'est pour rien dans la criseCe n'est pas le gouvernement qui a fait baisser les prix du bœuf et du veau chez le producteur... Ce n'est pas non plus l'Allemagne... Ce n'est pas non plus la Hollande— Le bétail a baissé tout seul, sans consulter personne, sans se faire piston ner par les ministres, sans faire appel à l'étranger... Peut-être a-t-il baissé en vertu du simple précepte de l'évangile. « Quiconque s'élève sera abaissé... » Peut-être était-il monté vraiment trop haut— C'est en voulant monter trop haut qu'on fait parfois des chutes profondes— En tout cas, le mystère du bifteck demeure... Son haut prix demeure aussi— en villeMaurice PRAX....
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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