Extrait du journal

Je vois ici en vous une des expressions les plus vivantes et les plus suggestives du grand pays dont vous êtes les délégués. Votre pré sence parmi nous, votre venue pour visiter notre Exposition des arts décoratifs attestent que les senti ments d'amitié qui unissent nos deux pays persistent vivaces en vous. Chez nous, ces sentiments sont inaltérables, mais nous n'y avons pas un grand mérite parce que c'est un devoir de reconnaissance que nous remplissons. Vous, vous persistez dans votre amitié pour nous et vous y avez quelque mérite de plus, en ceci qu'on s'efforce activement depuis des mois et des années à troubler votre esprit en ce qui nous concerne... L'esprit clairvoyant de l'Amérique a bien compris que la France ne mé ritait pas les accusations dirigées contre elle et vous-mêmes ici, vous vous êtes certainement rendus compte qu'un pays qui, au sortir d'une affreuse guerre, meurtri dans sa chair et dans celle de ses enfants, appauvri dans ses finances, trouve dans la générosité de son cœur et dans les ressources de son énergie te moyen d'organiser une aussi im posante manifestation que l'Exposi tion des arts décoratifs, qu'un tel pays n'est pas un pays de guerre. C'est un pays qui a droit à sa place dans le concert d'une humanité gé néreuse et pacifique. Un émouvant souvenir En vous voyant, un souvenir émouvant me vient, qui me reporte à des heures d'angoisse. C'était pendant la grande guerre. Je sié geais à côté dans un cabinet où se donnaient rendez-vous des soucis et des préoccupations bien légitimes. L'opinion américaine commençait à s'ébranler et vous étiez prêts à en-...