Extrait du journal

C'est sur cet, interrogatoire que s'ouvrirent les débats de la troisième journée. Auparavant, en manière de prologue, assez peu goûté du président Mazoyer, dont les rapports avec la défense sont désormais tendus, encore que régis par une convention qui promet de bannir les pires eclats (quelque chose comme un protocole de courtoisie glacée à faire frémir), M Marcel Fournier se leva et, comme le docteur Ricklin l'avait fait la veille, déploya une affiche. Celle-ci était bleue, rédigée en langue française, et de semblables ont été collées cette nuit sur les murs de Colmar. Est-ce assez dire que l'enceinte, en principe sacrée, du prétoire n'est pas hermétiquement close aux rumeurs du dehors ? C'est bien ce que déplore tout haut le président. Pour le président général Faciiot. il ne se plaint jamais. S'abstenant de regretter, il réplique à son heure avec cette raide éloquence qui, hier, mit la défense en dangereuse posture. Aujourd'hui le ministère public se contentera de répondre il la défense, qui l'en remercie, que si, comme le prétend M* Marcel tournier, l'affiche en question constitue une provocation aux pires violences, voire au meurtre, il est bien certain que le parquet général ordonnera des poursuites....