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Le Petit Parisien, 5 avril 1933

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Le Petit Parisien
5 avril 1933


Extrait du journal

En Espagne, on vit pour rien. On. paie 7 à S. lires un beau poulet en Italie. En Belgique, le pain, la viande, le poisson coûtent moitié moins cher qu'en France. Au Brésil, la vie est aujourd'hui d'un bon marché extravagant. Telles sont les heureuses nouvelles qui sont quotidiennement répandues à Paris par. des voyageurs informés. M2IS, HéTàs ! nulle part dàhs îé monde on ne songe à dire que la vie en France est d'un bon marché extravagant. Mais, au contraire, partout dans le monde on dit aujourd'hui que la vie en France est très chère. Certains se plaisent même à exaJ gérer. ' , s Il n'est, hélas 1 pas douteux que la défla tion des prix, qui est pourtant l'élément essentiel de toute déflation budgétaire, tarde beaucoup à se manifester chez nous. Il n'est pas douteux que, depuis quel ques, semaines, alors qu'en vérité la pros périté ne semble pas encore nous être revenue, une hausse insidieuse des prix s'est furtivement introduite sur le marché. Le bifteck, notamment, ce seigneur sai gnant et redoutable, recommence à faire des siennes. On ne sait pas très bien ce qui a pu arriver, mais les consommateurs se trouvent invités à faire carême avec une rigueur toute monastique. Les effets de cette persistante vie chère ne sont pas difficiles à saisir. Des centaines de milliers de Français se trouvent avoir tout juste de quoi manger, sans risquer l'indigestion. Les ménagères, désolées, gémissent : « Tout passe, chez nous, à la nourriture 1 » C'est le cri du Jour. Ainsi, le bifteck et ses acolytes absorbe, si l'on peut dire, toutes les disponibilités du plus grand nombre de Français. le bifteck dévorant. Et pendant que les prix montent de tout ce qui est comestible, les industries et les commerces, qui ont sensiblement, courageu sement abaissé leurs tarifs, font des efforts désespérés et vains pour attirer la clien tèle. La clientèle s'éctairçlt chaque jour. Les gens s'arrêtent tentés, devant les éta lages. devant les comptoirs. Les prix sont intéressants. Les occasions sont nom breuses. Seulement, avant d'acheter ceci ou cela, il faut manger. Il faut manger et puis payer les contributions... C'est pourquoi des usines débauchent des ouvriers. C'est pourquoi des magasins se ferment. C'est pourquoi la crise persiste, s'étend et gagne en profondeur. Faut-il ajouter, enfin, que si notre doux pays doit gagner et garder à l'étranger la réputation d'être un pays très cher, plus cher que les autres, cette réputation ne sera pas sans compromettre les affaires déjà difficiles de notre tourisme? Maurice PRAX....

À propos

Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.

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