Extrait du journal

Les lignes de la Narew et de la Vistule, forcées sur deux points, sont près de céder, et leur rupture entraînera très probablement l'évacuation de Varsovie et d'Ivangorod, cette dernière ville pouvant, au surplus, être prise à revers, si les armées de Mackensen viennent à bout de la résistance qui leur est opposée. Telle est, dans son ensemble, une situation qui, en premier examen, peut paraître peu brillante. Il s'en faut cependant qu'elle soit compromise si, comme tout porte à le croire, les Russes ont pris leurs dispositions pour échapper à l'étreinte. L'abandon des forteresses polonaises est un sacrifice prévu, consenti et annoncé. Et l'on sait que ce ne sont pas les forteresses qui sauvent un pays, mais bien les armées belligérantes. Tant que celles-ci conservent leur indépendance, il n'y a jamais rien de perdu. La victoire de Denain a apporté à la France, il y a deux siècles, le salut que n'avait pu lui assurer une ceinture de places fortes admirablement aménagée par Vauban. C'est que, depuis qu'il y a des guerres, .les destinées des Etats se sont toujours jouées en rase campagne, et non derrière des murs....