Extrait du journal

Ces annonces levaient un coin du voile qui masque au public, comme le rideau d'un théâtre, la vie de cette corporation nombreuse, souvent malheureuse et fréquemment méritante, des acrobates et des saltimbanques. Les journaux nous tiennent au courant des moindres faits et gestes de nos comédiens et de nos comédiennes. Et ils occupent, dans la vie littéraire, une place souvent supérieure à leur talent. Des acrobates de tout niveau, des plus renommés comme des plus humbles, on ne sait rien. D'où viennent-ils ? Où vont-ils? On l'ignore. Bien souvent, devant la baraque modeste ou dans le cirque somptueux, cette réflexion m'est venue à l'esprit. Un livre récent de M. G. Strehly, sur l'Acrobalie et Les Acrobates, nous fait pénétrer dans la coulisse, parfois douloureuse, d'où sortiront tout à l'heure, pour notre plus grand plaisir, les clowns et les athlètes. Il faut renoncer à la vieille légende de l'enfant enlevé par des saltimbanques et qui devient acrobate sous la terreur des coups. Ce sont là des histoires qu'on conte aux mioches, et qu'on a raison de leur conter, pour les empêcher de traîner sur les routes, où la morsure des chiens et le choc des automobiles les menacent bien davantage. En réalité, on devisent acrobate ou par hérédité ou par vocation. Par hérédité on est alors ce qu'on appelle un « enfant de la balle Il y a des dynasties qui se perpétuent de génération en génération, sous des noms naïvement contrefaits les Nizarras, les Nomis, les Togam dissimulent- à peine sous des sonorités exotiques, les noms bien français de Sarrazin, Simon et Magot» Je parlais à l'instant de dynastie. Il y a, en effet, dans ces familles, où l'on est acrobate de père en fils. une réelle fierté, de caste, Les enfants n'hésitent pas...