Extrait du journal

(lia de Bérénice, VEnnemi (Us lois, etc. "Combien d'esprits superficiels ont falsifié la pensée barrésienne : certains accusèrent l'écrivain d'égotisme intellectuel alors qu'au contraire le moi tel qu'il le conçoit est le point de rencontre do pensées, d'idées qui se heurtent, s'opposent, se déchirent, mais le poussent vers l'universel. Tragique curiosité de l'homme qui veut tout embrasser, tout comprendre. Mais est-ce possible, est-ce souhaitable ? Maurice Bar rés répond oui, seulement à une condi tion : « Dans cet idéal suprême composé des idéaux de toutes les races élevées, un souci particulier nous est dévolu. A nous il appartient de conserver le génie de la France, de l'aider en ses transformations, de le réaliser selon nos appétils. » On voit s'esquisser la doctrine de Barrés ; il va la dessiner avec plus de force « Les tentes déposées par des nomades chaque soir dans un pays nouveau n'ont .pas la solidité des antiques maisons héréditaires. » C'est plongé dans la race, dans son milieu, que le moi retrouvera les fortes racines qui lui permettront de grandir et de s'épanouir ; nous ne sommes qu'un prolongement de nos pères, de notre sol ; notre raison n'est qu'une reine enchaînée sur les traces de nos aïeux. Telle est la théorie du nationa lisme dont Maurice Barrés fut le chef incontesté et, dans tous ses livres: les Déracinés, Amori et dolori sacrum, les Amitiés françaises. l'Appel au soldat, il développera magnifiquement sa pensée. Mais Maurice Barrés ne s'en est pas tenu à la pensée écrite ; il a voulu être homme d'action : son petit Philippe, dans les Ami tics françaises, n'aspire-t-il pas à agir, à manier les hommes, à les dominer? Pour y arriver, il s'enivre des belles biographies de l'histoire. Dans ses trois volumes du Culte du Moi, Maurice Barrés se fit pro fesseur d'énergie. On a pu mesurer son influence. Il se lança dans la politique avec passion. Au Palais-Bourbon, comme à l'Académie, son influence était considéra ble. Les six volumes de ses chroniques de l'Echo de Paris, dont il était l'un des plus brillants collaborateurs, réunies sous le titre : la Grande Guerre, contiennent des pages écrites au jour le jour, et cepen dant détlnit|vç« 1 il avait rapporté de son voyage en Syrie un roman ravissant: le Jardin sur l'Oronte ; il avait défendu avec éloquence notre prestige en Rhénanie. Partout où le renom de la France était en jeu, Maurice Barrés était présent. A'otre pays vient de perdre un écrivain de génie, un artiste incomparable, et la jeunesse ïn tdllectuelle un de ses maîtres vénérés. Jean Vignaud....