Extrait du journal

On peut aimer cette rencontre qui fait se mêler, dans le même moment, l'avenir et le passé les ambitions, déjà réalisées, de la conquête des airs, les grandes audaces, les défis à ce qui semblait l'impossible, et l'évocation des souvenirs historiques,, des étapes de la formation de notre pays, de l'âme française. Et, philosophiquement, si la forme en a changé, n'est-ce pas toujours, à travers les siècles, le goût de l'aventure ? N'est-ce pas, dans le plus noble sens du mot, cette passion de l'aventure qui suscite de merveilleuses réalisations de volonté et d'énergie dans un domaine qui n'est plus interdit à l'homme? Le millénaire de la Normandie met en fête une province qui célèbre son union, un peu laborieuse et fort accidentée, avec la patrie, cette fusion d'une race indomptable, venue du Nord, dans la a doulce France Le plus pacifique petit bourgeois normand croit devoir, présentement, éprouver quelque orgueil de sentir en ses veines ne fût-il pas très certain de ses origines, assez difficiles à démêler. après si longtemps un peu du sang des fiers compagnons de Rollon. Cela pare d'un peu d'héroïsme ses préoccupations, généralement positives. Il songe aux nefs scandinaves qui, hardiment, remontaient la Seine, semblables à celle qui est conservée à l'Université de Christiania, tombeau épique d'un chef (dont il ne reste plus que les tibias, fort endommagés) enterré, selon la coutume de ces rudes pirates, avec son vaisseau, garni de ses agrès, et les boucliers servant à abriter les rameurs. Il plait à ce citadin, rêvant un instant, transporté, par la pensée, dans une époque légendaire, de se rappeler, tout débonnaire qu'il soit, la farouche chanson des Vikings, dans lesquels il voit ses grands ancêtres « Je me choisis une compagne parmi les Latins elle pleura trois jours, puis redevint heureuse, et je vidais la corne d'hydromel sur les flots orageux. » Petites coquetteries, amusantes par les contrastes....