Extrait du journal

Tandis que, sous le soleil toujours plus implacable, le Morea traçait son sillon sur la mer plate 'et huileuse, entre une partie de tennis et un concours de bridge, ou une langoureuse chanson nègre nasillée par le phonographe, j'interrogeais avec la même inquiétude mes compagnons de voyage. En écoutant les Britanniques A part un jeune Allemand et moi, tous Britanniques. Tous appartenant cette élite sociale et intellectuelle que, depuis des générations, l'Angleterre ne cesse de lancer sur l'Inde, échantillons parfaits de la « public school » et des vieilles universités, sains de corps et d'esprit, entraînés au « self control », admirablement courtois. Officiers, membres du civil serici- direcfeurs de compagnies industrielles et financières dont le nom seul inspire le respect et l'effroi ingénieurs, forestiers, constructeurs de routes, tous portant avec la même désinvolte aisance de fantaisistes costumes de sport et d'impeccables smokings. Conviction ou affectation ? La plupart semblent traiter le mouvement d'indépendance hindoue avec une nonchalante indifférence ou indulgence ironique....