Extrait du journal
Quand on aura réparé tant de ruines, tâche longue et difficile, mais au-dessous de laquelle ne sont pas les admirables efforts qui se produisent, on songera sans doute à élever quelque pierre commémorative du désastre, comme on le fit lors d'autres grandes inondations, marquant la hauteur extrême des eaux, souvenir de la catastrophe, et kk avertissement pour les générations futures. Avertissement dont l'avenir ne fait pas toujours cas, d'ailleurs, car, dans les constructions nouvelles, on avait un peu cavalièrement déplacé d'abord, puis perdu ces témoignages des dangers courus aux époques de grandes crues. On pourrait souhaiter que, cette fois, cette pierre d'étiage ne se bornât pas à une date, mais qu'elle gardât la mémoire de ce que fut l'état moral de Paris pendant ces jours cruels, qu'elle rappelât à la postérité ces actes de dévouement et ce merveilleux mouvement de solidarité qui ont été si caractéristiques dès les premiers ravages du fléau. Il faut quelque terrible circonstance pour faire, en quelque sorte, toucher du doigt cette vérité consolante qu'il y a, tout de même, quelque chose de changé dans le monde, que ces idées de bonté et de générosité sont en marche, qu'elles sont prêtes à leurs réalisations, qu'on a conscience de l'assistance aomme une obligation, que le malheur qui frappe un peuple émeut les autres, que les vraies lois humaines sont dans l'union. Ce n'est pas vainement qu'on les a remuées, ces idées, et elles portent leurs fruits. Les âmes et les esprits se sont haussés: « Le cœur a froid et chaud comme le corps », a dit Balzac. Le cœur a eu chaud. Ces semaines navrantes auront été pour lui un beau moment. Certes, le courage n'a jamais manqué, et c'était du courage que de prendre légèrement des maux subits. L'insouciance a une manière d'héroïsme j'aime mieux pourtant cette active pitié dont nous avons tous été -saisis. Je retrouvais, tout i l'heure, un assez singulier souvenir des redoutables inondations de 1802, auxquelles il faut remonter pour avoir une image des colères de la nature que nous venons de connaître. C'est une pièce de théâtre, un vaudeville. La Seine n'avait pas encore baissé, les quartiers qu'elle avait envahis étaient encore dans les eaux du fleuve que Martainville, le futur auteur de cette féerie légendaire, le Pied de Mouton, Martainville, bien loin encore dètre le fougueux royaliste dont le zèle intempérantdevait inquiéter Louis XVIII lui-même, voyait un sujet « actuel dans l'évocation du déluge, interprété selon sa fantaisie, et il faisait jouer une bouffonnerie sous le titre de Noé ou le Monde repeuplé, Il y avait là, sans doute, quelque audace, comme défi aux éléments déchaînés il vaut mieux, cependant, comme aujourd'hui, s'occuper d'abord des secours à apporter à tant de détr esses....
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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