Extrait du journal

On eût pu redouter que, le principe admis, la fixation d'un salaire « humain » rencontrât des résistances parmi ceux qui défendent la théorie de la liberté pure et simple des conventions. L'unanimité semble s'être faite sur cette conclusion qu'un minimum d'existence doit être assuré à ces couturières, brodeuses, chemisières, etc. qui peinent de longues journées sur une besogne ingrate, qui y usent leur santé et leurs yeux et qui, fréquemment, assument des, chargea de famille redoutables et des responsabilités méritoires. Que de solidarité ces humbles dont les gains sont trop rarement au niveau des besoins élémentaires Quelle leçon de dignité et de fierté se dégage de ces existences courbées sans arrêt sur la tâche fatigante et mal rétribuée 1 J'ai déjà dit souvent que dans nos sociétés modernes qu'on prenne la France ou l'Angleterre, l'Allemagne ou l'Amérique, les travailleurs en taudis étaient les plus déshérités de tous. Aucune loi, jusqu'ici, dans la plupart des contrées, et la France est du nombre, et seules l'Allemagne, l'Autriche et la Grande-Bretagne font exception en Europe n'est intervenue pour les protéger. Pour eux, ou plutôt pour elles, car les femmes et les jeunes filles constituent l'immense majorité, il n'y a ni réglementation de la durée, ni prescriptions d'hygiène. Elles subissent le maximum de surmenage, le maximum d'insécurité et cousent, ourlent, piquent, brodent dans les conditions les plus lamentables....