Extrait du journal

moins dix ou moins cinq, je vis entrer dans mon établissement un client dont l'automobile avait stoppé devapt, chez moi, mais dont le mo teur tournait au ralenti. Il parais sait très fatigué et, avec un accent étranger, polonais ou russe me demanda un verre de rhum. Je lui en servis un double verre pour le remettre et," tandis qu'il buvait, j'eus le. temps de l'examiner. Agé de vingt-cinq à trente ans, de haute taille, 1 m. 80 environ,. H était large d'épaules ét blond, au visage rose. Sa barbe datait de deux jours. Il avait, une casquette gris marron, un foulard multicolore et un par dessus de gabardine crème, avec une tache de cambouis sur la manche fauche. Un côté de l'épaule gauche tait mouillé. Pour me payer, le rliient tira de sa poche un portefeuille usagé en peau de crocodile, garni de gribiches aux coins. Il me pria de lu» indiquer la route de Melleroy, qui descend vers Auxerre et quitta alors l'éta blissement. Intrigué, je sortis à sa suite. J'aperçus alors une grande auto grise de marque étrangère, ayant comme bouchon de radiateur "une figure allégorique. Sur les côtés de la voiture, les armatures de métal paraissaient oxydées ou souillées en partie. Cette auto, d'environ 18 C.V., devait avoir fourni une longue course, car la carrosserie, les deux roues de secours, placées à l'arrière, le porte-malle dégarni et les numé ros d'immatriculation étaient tachés de boue. Une partie- de l'aile droite était éraflée comme par un coup de marteau. Mon client, pour regagner sa place au volant de la limousine, enjamba une sorte de grand sac placé à côté de lui. Ce sac était assez grand pour contenir un homme. Tandis qu'il s'installait, je vis, à travers la glace qui le séparait de l'intérieur, dont les stores latéraux étaient baissés,...