Extrait du journal

Dans cette curieuse et vieille ville d'Aoste et dans ses environs, on parle traditionnellement français, ce qui n'empêche pas les Valdctains (ainsi s'appellent les habitants) d'être de ioyaux sujets italiens. Et la première chose, en effet, qu'on aperçoive, quand on descend du grand Saint-Bernard, est, sur la place, une statue de Victor-Emmanuel, qui a été élevée par souscription mais l'inscription du socle est en français « Au roi chasseur Aoste se souvient surtout du souverain sous cet aspect d'intrépide « nemrod poursuivant le chamois «tons les montagnes qui l'environnent. Jamais Aoste n'a. donné de difficultés au gouvernement italien. Elle a une assez importante garnison, qui y est aimée. Aoste a le cœur italien. Mais elle tient à ses habitudes, et à se servir du français. Récemment, le garde des Sceaux d'Italie crut devoir exiger l'usage de la langue italienne dans les actes d'état civil de la vallée d'Aoste. Il poursuivait un but d'unification administratve et il ne pensait pas soulever une tempête. D'unanimes protestations retentirent aussitôt, cependant. Les Valdotains n'admettaient point qu'on touchât à leurs anciennes coutumes, et ce fut soudain une assez vive agitation. Le français avait, chez eux, une existence officielle, et ils entendaient qu'il la gardât. Les députés de la région intervinrent et eurent gain de cause. Il fut entendu que la circulaire du garde des Sceaux devait être considérée Il comme une invitation », et non comme un ordre. C'est dire que les choses resteront en l'état. Le français et, encore une fois, en dehors de la question de nationalité s'est bien défendu. Il semble même que sa diffusion doive gagner à ce mouvement qui s'est produit, et que son enseignement ait chancre d'Jife mieux organisé....