Extrait du journal

L'anthropologie criminelle, science qui se plaît à poser des axiomes, assure que les mois d'été sont les plus propices aux violences et aux meurtres. On pourrait croire à quelque exception quand les saisons n'ont plus, comme cette année, un cours régulier et qu'une pluie perpétuelle se substitue au soleil, chauffant les cervelles. Mais non il faut que ce soit l'anthropologie criminelle qui ait raison, malgré tout, en dépit des modifications de la température. Pas de semaine, presque pas de jour sans d'abominables scènes da sauvagerie, qui ont quelque chose de déconcertant en leur absurdité féroce. Etranges leçons de civilisation pour le chef touareg Moussa Ag Amastan, qui vient étudier nos mœurs et notre état social Quel pendant il serait permis u imaginer aux Lettres persanes, si cet Afrwaia écrivait aussi, comme jadis-Usbeck, ses impressions sur Paris! Peutêtre aurait-il le droit de trouver que les récits qu'on lui fit, avant son voyages, exagéraient un peu la sécurité due à nos institutions. Peut-être lui semblerait-il que la comparaison n'est pas toujours à notre avantage. Les écumeurs du désert, les farouches Touaregs, ont du moins une raison de tuer, quand ils tuent ils défendent leurs territoires, ou ils s'emparent d'un butin souhaité. Mais voit-on chez eux des sortes de bêtes fauves se livrer, sans motif, à un jeu de massacre ? Et le chef touareg louerait la sagesse de Mahomet interdisant à ses sectateurs l'alcool, qui est au fond de ces stupides et monstrueuses tueries....