Extrait du journal

C'est fini î La Bièvre, cette petite rivière sinueuse qui traverse tout un quartier de Paris, qui se jette dans la Seine, à Paris même, la Bièvre va disparaître pour jamais des yeux des Parisiens : ses eaux seront recouvertes d'un plafond de briques et de ciment, tout le long du parcours sinueux qu'elles suivent dans la capitale. C'était une mesure réclamée depuis de longues années. Le filet noirâtre et puant du petit ruisseau empestait et empoisonnait l'atmosphère; mais le service de l'assainissement de la Ville avait à lutter contre les résistances des industriels établis sur les rives, si ce mot pouvait convenir encore. Ces résistances ont été vaincues, et, désormais les Pari siens ne pourront plus apercevoir, au moins dans Paris, la moindre trace de ce cours d'eau, au boni duquel nos pères allaient s'ébattre, à l'ombre des grands arbres, et se rouler dans l'herbe, O* des saules pensifs, qui pleurent sur la rive, Laissent tremper dans i'eau le bout de leurs cheveux. C'est Victor Hugo qui le constatait, il y a de cela soixante-dix ans. Tombés les saules Ct les peupliers ! Recouverts les prés, envo lés les oiseaux qui chantaient! Et la rivière, dans laquelle ils se miraient, va disparaître cUe-mênte pour toujours t...