Extrait du journal

L'outil essentiel d'une nation, c'est, incontestablement, la santé de la race. 11 semble pourtant que le nouveau plan d'outillage national ne comporte qu'un minimum un peu réduit de travaux inté ressant l'hygiène et la salubrité publiques. On va jeter de nouveaux ponts sur les cours d'eau, et ce sera sans doute fort utSe. On va élargir des routes, et ce sera très bien. On va supprimer beaucoup de passages à niveau, ce sera assurément justiceMais pourquoi ne nous dit-on pas que l'on va aussi outiller notre santé l'ou tiller et l'équilibrer ? II y a la question des eaux. Elle est encore, en 1932. effarante. Combien de Français qui sont encore obligés aujour d'hui de boire de l'eau sale, de l'eau meur trière, de l'eau qui se fait la complice sournoise de toutes les épidémies qui, périodiquement, désolent la population. Il y a la question de la simple propreté, de l'hygiène la plus élémentaire. Combien de Français sont encore condamnés à vivre dans des conditions les plus détestables : taudis puants... masures infectes... ni égout, ni rien... Il y a la question des casernes, des écoles. Il y a des casernes qui représen tent, en notre siècle social, démocratique et éclairé, le maximum de la saleté et de l'insalubrité. Il y a des écoles maudites, si l'on a bâti par ailleurs, et parfois avec munificence, d'impressionnants palaces primaires. H y a des écoles malsaines, empoisonnées, où les malheureux enfants apprennent à mourir, hélas ! avant d'apprendre à lire. N'est-ce pas à la Bassée, dans le Nord, qu'il y a une école de filles où le croup, depuis des années, s'est installé en maître souverain ? Il y a la question, l'immense, la terrible, la poignante question de la tuberculose. Des efforts magnifiques se sont attaqués à l'horrible fléau. Des dévouements sans nombre se sont manifestés. Tout de même, ce qui a été fait n'est rien encore à côté de ce qui reste à faire. Des files de malades, toussant et épuisés, font la queue devant les portes des dispensaires. Les sanatoriums sont pleins. Et des vieillards sont sans asile et sans pain. Et des gosses chétifs vivent sans nid. et sans air. Et des infirmes sont obli gés de tendre la main... On veut outiller la nation, on ne peut pas alors ne pas songer à outiller, avant tout, l'hygiène nationale. Maurice PRAX....