Extrait du journal

Par sa rupture provisoire avec l'or, la livre sterling a fait beaucoup de bruit dans le monde, beaucoup plus que n'importe la quelle des autres monnaies à qui il est déjà arrivé de se déprécier. Mais elle n'était pas tout à fait comme une autre. Elle servait dans un grand nombre de transactions sur tous les points du monde. Ainsi l'emploi en était général dans les affaires maritimes. Et quand elle a cessé d'avoir une valeur fixe, qu'est-il arrivé ? Il est arrivé qu'on a eu besoin d'une monnaie de compte, d'une mesure invariable des prix. Pour prendre un exemple, les taxes de passage par le canal de Suez sont calculées en or. Comme les navires ne se présentent pas avec la quan tité de métal jaune qu'il faudrait pour acquitter les droits de transit, c'est en livres sterling qu'ils payaient jusqu'ici. La livre étanl devenue sujette aux incertitudes du change, notre franc l'a remplacée. Qu'est-ce à dire, sinon qu'il est impossible de se passer d'un mètre monétaire ? S'il n'en existait plus, nulle part, ce serait la paralysie du commerce universel. Et l'on n'a pas encore trouvé d'autre instrument servant à mesurer les valeurs qu'une monnaie gagée par de l'or. Le besoin de bonne monnaie, de monnaie saine, que nous avons senti en France et qui nous a conduits à faire notre stabilisation, a été éprouvé dans le monde entier lors que la livre a eu sa défaillance. Il est donc permis de sourire lorsque des théoriciens parfois les mêmes qui, naguère, ne juraient que par le métal précieux annoncent que le règne de l'or est fini et qu'il sera démonétisé à jamais. Les migrations de l'or...