Extrait du journal
Il a été question, avant-hier, au conseil des ministres, de nos produits coloniaux, qui souffrent d'une étrange disgrâce : qui ne trouvent pas d'acheteurs en France— C'est qu'il ne reste plus rien, au bois de Vincennes, de ce qui fut notre grande et superbe Exposition coloniale— Nous avons donc oublié, de nouveau, que nous possédons des colonies... Il n'y a plus de feux d'artifice sur le lac Daumes nil et nous n'entendons plus à Paris le bruit nostalgique et ingénu des tam tams... Donc, il n'y a plus, pour nous, de colonies— On ne peut pas penser à tout... Nous avons, pour l'heure, d'autres idées en tête que des idées coloniales— Nous gardons cependant le goût de l'exotisme et le goût de certains pro duits qui doivent traverser les mers pour arriver jusqu'à nous, en nous apportant un peu de la chaleur, du soleil et du mys tère des pays tropicauxMais, pour satisfaire ce goût, nous avons recours, chez nous, chez nous mêmes, à l'ingéniosité et à l'activité des étrangers. 11 suffit de remarquer ce tout petit détail pour juger de notre inconcevable indo lence : chez nous, sur cent commerçants qui vendent des produits coloniaux, on ne découvrirait pas toujours deux Français... Il y a de tout dans ces boutiques char mantes : des vins, des fruits du Cap. des thés de Ceylan, des conserves de Cali fr lie, des bananes de firme américaine, des épices des Indes, des cafés sud-amé ricains... Il y a de tout, de tout... Mais où sont les produits des colonies françaises ?... Quels sont-ils ?... Nous pos sédons un empire d'outre-mer immense, magnifique envié™. Cet empire est donc frappé de stérilité ?... Où ira le client qui voudra trouver des bananes provenant de l'Afrique française, du café provenant des Antilles français is, du thé provenant de l'lndochine française, du riz provenant aussi d'lndochine ?... Il trouvera peut être... Mais par hasard !... En revanche, s'il veut des fruits, du café, du riz, des vins étrangers, il aura à chaque coin de rue l'embarras du choix... Il sera attiré, intéressé, tenté par l'offre étrangèreMais l'offre française l'offre française des produits coloniaux français est comme honteuse, comme peureuse, comme clandestine, comme misérable.. Résultat : misère pour nos coloniesDépit pour nos coloniaux— Chute de notre balance commerciale— Quand donc nous déciderons-nous à découvrir ailleurs qu'à des expositions périodiques et populeuses, ailleurs qu'à des kermesses nos colonies ? Maurice PRAX....
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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