Extrait du journal

Sans doute, cette vaillante femme qui, par une nuit tragique pour elle, dans le phare dont la mort avait pris le gardien, pensa, avant tout, au salut des autres, est-elle un peu effarée de la popularité venue autour de son nom et ne comprend elle pas bien l'admiration pour un acte qu'elle trouve fort simple. C'est la beauté des fortes vertus que de s'ignorer elles-mêmes. Un hasard a fait connaître ce trait de courageuse présence d'esprit. Mais, combien d'actes de décision et de dévouement dont on ne parle pas, qui ne bénéficient pas de 'cette publicité! Nous ne nous enthousiasmons guère que par saccades pour ces manifestations des meilleurs instincts humains (encore faut-il que l'imagination soit frappée par un peu de romanesque) et on dirait alors que nous « découvrons » ce qu'il peut y avoir de constance, de sûreté de conscience, d'oubli de soi-même dans l'âme des braves gens. II en est toujours beaucoup, dé ces braves gens, qui ont, sans hésitation, l'inspiration généreuse, le geste déterminé, l'élan d'abnégation, mais avons-nous le temps de penser à eux ? Notre curiosité blasée se rafraîchit ainsi parfois à des sources pleines d'émotions. C'est comme une petite halte reposante. Mais le bien est tôt « délimité et un acte où il y a même un peu d'héroïsme se raconte si vite Le nom de Mmes Matelot aura, ces jours derniers, été imprimé ni en des fois beaucoup moincependant, que ceux de M. d'Abbadie d'Arrast et de Mlle Benoist, héros d'une équipée assez vulgaire, pourtant. Un roman d'amour, risquât-il d'être fort dépoétisé, inspirera toujours de l'intérêt, et l'on veut savoir son épilogue. On le saura, malgré tout, dût la lutte être épique entre les intrépides informateurs, fertiles en ruses savantes, et les trop célèbres fugitifs. Les Français, qui sont divisés sur tant de choses, ne le sont point sur le goût du scandale, ou, tout au moins, des commérages....