Extrait du journal

adopte à leur endroit deux ou trois idées sommaires dont il ne veut plus démordre. Le public veut que les gens très connus soient non pas tels qu'ils sont, mais tels qu'il s'imagine les connaître. Parfois, égarés à la longue, les gens très connus finissent par s'ignorer eux mêmes». Il n'en va pas différemment des grandes villes. Les plus connues ne sont pas les mieux connues. Nice, potrP Certains, ee n'est pas sensiblement autre chose qu'une carte postale. C'est la Promenade des Anglais, toute blanche. C'est la mer, toute bleue. Ce sont quelques palmiers aux plumets défraîchis. C'est le palais de la Jetée, cette ahurissante baraque foraine plan tée sur les flotsNice, pour d'autres, c'est le palace et le casino, le carnaval et le baccara, les confetti et les boîtes de nuit... Assurément, on peut « connaî tre » Nice facilement. Voici donc la Promenade des Anglais. Elle est, en vérité, assez étendue. Elle va du Var jusqu'à: Rauba-Lapeu, où l'on a taillé dans le roc un monument aux morts ; sévère. Elle se déploie sur je ne sais combien de kilomètres. Voici, au hasard, un palace. Il est en stuc ou en ciment. Il peut mêine avoir été construit avec des pierres. Dans ce palace passe, danse, mange, boit et dort la clien tèle ordinaire des palaces. Des An glais et des Anglaises, des milliar daires de Chicago, des rajahs, des industriels de l'Europe centrale, des princes balkaniques, des financiers hollandais, des stars de cinéma, des Parisiens de Paris et des Parisiens de Jérusalem... Il y a des dîners de gala toutes les semaines. Il y a des portiers sanglés dans de longues tuniques brodées d'or. H y a des jolies femmes et des vieilles dames d'une attendrissante coquetterie. Il y a des pékinois et des fox à poil dur qui jappent dans le hall et galopent sur les tapis épais. Il y a des riches très riches, et qui n'en ont pas l'air. Il y a de faux riches, iiiiiiiiiiittiiitHiiiaiiiifiiiiiiiiiiiiiiifiiiiiifiiniiiiiiiiiiMiiiiuiiiiniii...