Extrait du journal

Souvenirs d'un Clapeur Les petites révolutions dans le monde des théâtres ne se comptent plus les danseuses de l'Opéra se mirent en grève il y a près d'un mois et demain les choristes de la même académie vont sans aucun doute s'insurger contre l'interdiction de la moustache. Il ne faut pas que l'opinion publique s'émeuve, car au théâtre, a minuit, tout finit par s'arranger. Mais l'on ne s'imagine pas combien les gens qui, en dehors des acteurs, vivent de la scène, tiennent à leur profession et veillent sur ses prérogatives avec une susceptibilité exagérée. Les figurants, les choristes, les claqueurs participent à la gloire de l'établissement qui les utilise et leur orgueil égale celui des vedettes. Curieux petit monde, où la bonté coudoie la vanité et chez qui les beaux sentiments ne sont pas rares. Il est à craindre qu'un jugement qui vient d'être rendu ces jours-ci ne mette fort en colère toutes ces petites professions un tribunal vient d'estimer qu'un souffleur ne pouvait être considéré comme un artiste. Voilà un événement assez grave, car il est capable de décourager de braves comédiens qui finissaient dans cet emploi caché leur carrière....