Extrait du journal

Les matelots de la pavillonnerie et de la voilure ont réalisé des merveilles, sous la direction de l'ingénieur en chef, M. Brosser, admirablement secondé, il faut le dire, par M. l'ingénieur Boucher et M. Anquetin, adjoint technique des constructions navales. Vous pouvez :maginer, assez facilement, ce qu'étaient auparavant le hall et la salle susdites. On recevait là l'huile pour les machines, la peinture, le coaltar, l'étoupe, les filins, le pétrole, les graisses, toutes choses fort utiles, sans doute, mais qui maculent fâcheusement parquets et murailles: Tout était donc sali à faire peur, mais nos marins ne s'embarrassent pas de si peu. Ils se sont si bien escrimés de la brosse, du balai et du pinceau, qu'ils ont fini par faire disparattre, à peu près, maculatures et taches. Le hall, sorte de vaste hangar vitré, ouvert du côté de la mer, a été clos par une palissade; on a ainsi obtenu une salle longue de cinquante-cinq mètres, fort nue et fort triste, très obscure, car les vitres empouacrées du toit ne laissent que peu filtrer la lumière. Les pavillonneurs de la marine sont alors venus. Ils apportaient avec eux vingt-quatre mille mètres d'étamine bleue, blanche et rouge, dix-huit mille mètres de toile grise, douze cent mètres de moquette rouge à fleurs noires. Ils besognèrent trois semaines durant, de l'aiguille, ceci avec une telle célérité et un tel courage qu'en fin de compte tout cet amas d'étoffe fut transformé en pavillons, en portières, en tentures, en oriflammes....