Extrait du journal
avec une infinie tristesse. Comme les balles entraient par sa fenêtre, il dressa son billard et boucha la fenê tre. L'ardoise du billard est en miettes. Et lui qui s'appliquait à ne pas crever le tapis depuis dix ans! Tragique ville tout de même! Pen dant ces quatre journées, morts, blessés; peu parmi les combattants : des civils, des passants, des enfants. 11, fallai t bien manger ; on ne fait pas seulement que travailler pour avoir du pain, on risque sa vie quand il le faut. Ces deux morts-là que je vois enterrer sont tombés au seuil de la boulangerie. Lopès Teixeira, directeur du Journal de Porto, a été tué à sa fenêtre. Les uns voulaient manger, l'autre voulait voir, et voir, o'est aussi le pain du journaliste. Les premiers tués ne pouvaient recevoir la sépulture et, derrière les volets clos, les morts continuaient de se cacher parmi les vivants. La moi tié de la police et la garde nationale étaient restées neutres. Les pompiers aussi. Les pompiers allèrent éteindre le feu à l'hôtel des postes. La garde surveillait les magasins de bijoute rie. Mais, dimanche surtout, le canon et le téléphone donnèrent sans arrêt. La fin de la révolte Dans la nuit de dimanche à lundi, le brouillard bien connu du Douro se leva. Le poste révolutionnaire qui gardait un bout du pont de pierre ne voyait plus l'autre bout. Il en avait assez d'attendre de l'autre côté depuis quatre jours et rentrait chez lui. Lundi, l'aspect des choses chan gés. Le gouvernement amenait des troupes ; il fallait entrer dans la ville puisqu'elle ne se rendait pas. Et sur le pont de fer dominant de haut le Douro, sur ce pont de fer jeté sur un arc de triomphe, on vit, soudain, un spectacle de vieille chevalerie : un escadron le traversait au galop. Cela fit un immense bruit de ferraille que l'écho aussitôt répercuta dans la ville. Chacun crut que le pont s'effon drait. C'était les cavaliers hurlant qui chargeaient au-dessus du fleuve. Porto était emportée. L'infanterie traversait en barques !à même où Wellington passa pour chasser Soult. et le gouvernement campa aux pieds de la bonne ville campa, car il ne voulut pas engager la guerre de rues. Il préfera se servir une fois de plus du téléphone. Les contre-torpilleurs anglais Windsor et Westminster, accourus de Gibraltar à vingt-sept nœuds, passaient la barre. Alors, le soir venu, un colonel de la révolte sonna le camp du gouver nement ; « Allo, nous n'avons plus de cartouches. Nous nous rendons. » Et le gouvernement monta son camp dans la ville, et les civils qui s'étaient armés se dispersèrent dans la campa gne. Les vivants purent enfin dormir et les morts descendre en terre. Albert LONDRES....
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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